Pour clôturer le projet, un événement est organisé sur la Géorgie, le 28 février 2023 sur Zoom, de 20h à 21h30 (heure française).
Promis, vous n’allez pas vous ennuyer, on est 6 intervenant.e.s, étudiants et jeunes diplômés ayant vécu en Géorgie (2021-2022). On a plein de choses à vous raconter avec une vraie valeur ajoutée.
Cap’Agri Géorgie a pour objectif de vulgariser les données nationales au sujet de l’agriculturegéorgienne sous forme de cartes et d’articles. Cet article est le dernier d’une longue série réalisée pendant cette année 2022. Vous retrouverez les liens des autres articles en fin de cette page web.
Dans cet article, l’idée est de collecter des informations sur la production, l’exportation et l’importation de produits agricoles. Ensuite, il s’agit de regarder les balances commerciales et les flux financiers liés aux produits agricoles des pays limitrophes.
Plan de l’article
Quels sont les tonnages produits, importés et exportés de la Géorgie ?
Est-il possible de connaître tous les tonnages avec les données du site de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ?
Que pouvons-nous exploiter ?
Liens vers les données FAOSTAT
Valeurs ajoutées et balances commercialesde la Géorgie
Définitions
Balance commerciale par produit : limites, intérêts et valeurs
Lien vers les données Geostat
Quel est le détail des flux de produits agricoles entre la Géorgie et ses pays voisins ?
Présentation des données utilisées
Carte des équivalents financiers des flux de produits
Lien vers le détail des flux financiers entre pays
1) Quels sont les tonnages produits, importés et exportés de la Géorgie ?
1.1 Est-ce qu’il est possible de répondre à la question avec les données du site de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ?
Pour avoir une idée générale des tonnages produits, importés et exportés, nous utilisons les données de FAOSTAT 2020. Sur le graphique ci-dessous, il y a les 10 premiers produits (représentés en gris clair). Il y a aussi des données sur les exportations (en vert) et les importations (en rouge) principales.
A priori, toutes les données devraient être disponibles mais j’ai seulement celles dont le détail est dans le tableau suivant le graphique. Les réponses sont donc partielles. Je n’ai pas trouvé plus d’informations détaillées. C’est pourquoi, cet article utilise, malgré tout, ces informations.
1.2Que pouvons-nous exploiter ?
Nous avons des ordres de grandeur des quantités produites, importées et exportées, mais jamais les 3 données pour un produit.
Pour appréhender l’agriculture d’un pays, il est important d’avoir des ordres de grandeur. Le qualitatif est intéressant mais pas très convainquant. Quantifier permet de donner plus de poids à un discours et de le rendre plus pertinent. Même si il n’y a pas tous les ordres de grandeur (productions, importations, exportations) pour un même produit, ce graphique apporte au moins quelques chiffres permettant de se repérer. C’est mieux que de ne rien avoir.
Exemple du blé
A priori, il y a un déficit en céréales, et tout particulièrement en blé. Pour s’en assurer, il faudrait avoir les quantités exportées. Ce que je n’ai pas. Le fait d’affirmer qu’il y a un déficit en céréales serait vrai s’il y a peu de produits à base de blé exportés en comparaison. On peut imaginer que c’est le cas mais je n’ai pas la confirmation par les chiffres.
A titre de comparaison, la production de blé en France est de plus de 30 millions de tonnes pour 2020 (FAOSTAT), soient 294 fois plus qu’en Géorgie. Néanmoins, la France est seulement 9,2 fois plus grande que la Géorgie (en surface totale, agricole et non agricole). A surface totale égale, la France produit 32 fois plus de blé.
Il est intéressant d’avoir des ordres de grandeur mais ce chiffre ne doit pas être utilisé trop vite. Il serait intéressant de mener des enquêtes en Géorgie pour comprendre les pratiques agricoles, les rendements obtenus par bassin de production et les quantités importées / exportées.
Les valeurs des productions sont différentes selon les produits. Par exemple, le vin est un produit dérivé du raisin (il existe des raisins de table et des raisins pour le vin). Il y a une étape de transformation supplémentaire faisant que la valeur ajoutée du raisin est plus importante avec le vin.
Une balance commerciale retrace la valeur des biens exportés et importés. Elle ne rend pas compte des quantités. (Les valeurs des produits, d’une même catégorie, peuvent être différentes.)
Par contre, ce que l’on perçoit est que les produits à plus fortes valeurs ajoutées (exemple du vin par rapport au raisin) ont un poids plus fort dans la balance commerciale que ceux à faibles valeurs ajoutées. Il faut donc être vigilant car les valeurs des balances commerciales sont fortement modifiées par les valeurs ajoutées des produits. On peut le voir comme un facteur multiplicateur. Plus ce facteur est grand, plus le produit modifie rapidement la balance commerciale.
2.2 Balance commerciale par produit : limites, intérêts et valeurs
Limites et intérêts des balances commerciales
Sans la méthode précise de calcul de ces balances commerciales (détail des prix), il n’est pas possible d’estimer et de compléter les quantités produites, exportées et importées. Cependant, il est intéressant d’avoir des ordres de grandeur des produits agricoles qui apportent de la richesse et ceux qui en font perdre au pays.
Valeurs des balances commerciales (de quelques produits)
Le diagramme suivant représente la balance commerciale de quelques produits d’après les statistiques nationales (Geostat 2022). Attention, on pourrait avoir l’impression que la balance totale est globalement positive mais seulement une partie des produits a été représentée.
Rapidement, la balance commerciale est négative pour le blé (environ – 20 millions de dollars US pour la période janvier-juillet 2022), le maïs, les tomates et le raisin. Elle est positive pour l’orge, les pommes de terre (environ + 3 millions de dollars US), les noisettes (+ 37 millions de dollars US) et le vin. Le vin est un des produits agricoles qui apporte le plus de richesse avec 120 millions de dollars US.
Les géorgiens achètent très rarement du vin. Ils fabriquent le leur. Ils ont des qvevris pour réaliser la fermentation du raisin chez eux. Il existe aussi des caves pour les vins destinés à l’export. Ils sont très fiers de leur vin et de sa réputation à l’étranger.
2.3 Liens vers les données des balances commerciales de Geostat
3) Quels sont les principaux flux de produits agricoles entre la Géorgie et ses pays voisins ?
Pour faire une carte de flux entre les pays, je ne peux pas utiliser les quantités car je ne les ai pas. Ici, nous allons utilisé les équivalents en flux financiers en gardent en tête les limites énoncées précédemment.
3.1 Présentation des données utilisées
La carte qui va être présentée est issue des données du site commercial trading economics. L’utilisation de sites commerciaux n’est vraiment pas l’idéal, surtout quand il n’y a pas d’accès à la méthode de construction des données utilisées. Néanmoins, les sources de données sont présentées sur le site utilisé :
3.2 Carte des équivalents financiers des flux de produits
Pour réaliser la carte suivante, j’ai compilé les données concernant les produits agricoles du site trading economics de 2021. Les balances commerciales par catégorie de produits sont détaillées dans l’Excel suivant.
Quand on équilibre les sommes des importations et des exportations entre deux pays, on obtient le document Excel téléchargeable. En gardant que ceux de plus de 10 millions d’équivalents dollars US, on obtient la carte suivante.
Ce document est loin d’être exhaustif. L’idée est de faire apparaître les grandes tendances. Ce que l’on remarque facilement est que la majorité des flux représentés sont liés à des importations en Géorgie plutôt que des exportations. On compte notamment :
les légumes, sucres, viandes, fruits et préparation à base de céréales ou de lait venant de la Turquie ;
de graisses venant d’Arménie ;
de céréales, de graisses, de préparation à base de céréales ou de lait, des produits moulus, malts, amidons, gluten et d’engrais venant de la Russie.
Les seuls flux d’export affichés sont les fruits vers l’Arménie, les animaux vivants vers l’Azerbaïdjan, les légumes et surtout les boissons, spiritueux et vinaigres vers la Russie. Ce dernier est le bilan le plus important avec 263 millions de dollars US.
Ce sont des données qui semblent refléter les informations qualitatives que j’ai reçues sur le terrain. La fiabilité des informations pose question car je n’ai pas eu accès à la méthode mais restent intéressantes pour les ordres de grandeur qu’elles fournissent.
3.3Liens vers le détail des flux financiers entre pays
Pays de départ des produits -> Pays d’arrivée des produits
Il s’agit du dernier article ! J’espère que le projet vous a plu. N’hésitez pas à faire vos retours en commentaires de l’article, sur la page Facebook ou de me contacter sur Instagram. La campagne de financement participative est encore ouverte pour quelques jours 🙂
Dans cet article, nous allons nous intéresser aux superficies cultivées.
Quelles sont les cultures que l’on peut trouver en Géorgie ?
Quelle est la surface totale cultivée d’après les données géorgiennes ?
Est-ce que ce résultat est cohérent avec la carte de l’occupation des sols ?
Quelle est la répartition des principales cultures :
à l’échelle de la Géorgie (en ha) ?
à l’échelle de chaque région (en ha) ?
Quelles sont les cultures que l’on peut trouver en Géorgie ?
La Géorgie a des cultures présentes en France : le blé, l’orge, l’avoine, les pommes mais aussi des fruits subtropicaux comme le feijoa. D’ailleurs, j’ai découvert ce dernier en Colombie, il y a 4 ans. J’ai été très surprise de le retrouver en Géorgie. Ils font du kompot avec dans l’Ouest de la Géorgie.
Les cultures principales ont été listées à la figure suivante. Les pictogrammes sont ceux que vous retrouvez dans la carte un peu plus bas.
Surfaces cultivées : quelles sont les données accessibles ?
1. Présentation des données nationales (Geostat)
Les données des statistiques nationales sont différentes pour les cultures annuelles et les cultures permanentes. Les informations sont absentes pour l’Abkhazie.
Ces informations permettent de faire une carte avec la répartition des cultures annuelles par région. Néanmoins, les données ne sont pas complètes pour les cultures permanentes. Les informations sur les surfaces sont données par grandes catégories (vergers, baies, vignobles, plantations de citrus) et à l’échelle de la Géorgie. Même s’il y a les tonnages produits par culture et par région, comme les rendements moyens sont absents, il n’est pas évident de faire une estimation des surfaces (pour chaque culture permanente).
2. Données nationales : quelles sont les surfaces à l’échelle de la Géorgie ?
D’après les données nationales, à l’échelle de la Géorgie, on a :
Types de cultures
permanentes
annuelles
TOTAL
Année
2020
2021
(on considère que les surfaces restent stables entre 2020 et 2021)
Nombre d’ha
127 900
203 700
331 600
Le territoire, sans la surface de l’Abkhazie(866 100 ha), représente 6,1 millions d’hectares. D’après les statistiques géorgiennes, pour 2021, il y a environ 332 mille hectares de surface cultivée, on arrive à 5,4% du territoire cultivé.
3. Est-ce qu’il y a des différences avec les données Copernicus ? Si oui, comment les expliquer ?
Il y a des différences entre les données nationales et Copernicus. Les surfaces estimées comme cultivées sont deux fois plus faibles pour les données nationales que l’estimation qui a été faite avec l’occupation des sols. En effet, les données Copernicus nous donnent environ 12% de surfaces cultivées en 2021 (sans compter l’Abkhazie) contre seulement 5,4% pour les données nationales.
D’après les données géorgiennes, les surfaces cultivées en Géorgie peuvent être estimées à 332 000 ha. Ce n’est pas cohérent avec la carte d’occupation des sols qui nous donnent 742 000 ha (sans l’Abkhazie).
Il peut y avoir plusieurs hypothèses pour expliquer ce décalage :
Les données Copernicus surestiment le nombre d’hectares cultivés en Géorgie. Il faudrait avoir les informations sur le fonctionnement de l’algorithme pour aller plus loin à propos de cette hypothèse.
Les données nationales sous-estiment le nombre d’hectares cultivés. Cette hypothèse est fortement probable car un bon nombre d’agriculteurs sont réticents à l’idée de travailler avec les institutions gouvernementales. (Celles-ci sont utilisées par les partis politiques pour acheter des voix au moment des élections.)
Quelle est la répartition des cultures ?
A l’aide des deux jeux de données (nationales et Copernicus) ainsi que d’observations de terrain, j’ai réalisé une carte de la répartition des cultures. Elle n’est pas à prendre avec précision mais comme une première approximation des cultures principales selon les régions.
La production de maïs est commune à toutes les régions. Certaines cultures sont plus localisées, comme c’est le cas de la Kakhétie qui concentre les vignobles et la majorité de la production de blé. Le sud de la Géorgie est plus propice à la production de pommes de terre. L’ouest est spécifique de la production de thé, d’agrumes et de noisettes.
Les vergers sont plutôt en Shida Kartli, avec 80% de la production de pommes du territoire étudié (sans l’Abkhazie). On y trouve aussi des cerises et des prunes en plus grandes proportions que dans le reste du pays.
D’après ce graphique, la majorité des surfaces cultivées annuellement seraient attribuées aux céréales. Ensemble, maïs, blé et orge représenteraient 78% des surfaces mises en culture annuellement pour le territoire étudié.
Sur 331 600 ha totaux de cultures (cf. tableau plus haut), ces trois céréales représenteraient 48% du territoire étudié.
En 2020, les vergers représentent 75 900 ha, soient presque 23% du territoire étudié. Puis, les vignobles 41 200 ha, c’est-à-dire 12% de cet espace. Enfin, la plantation d’agrumes représente un peu moins de 3% de cet espace.
Comme on va le voir, c’est une carte très importante car elle permet de poser les bases de l’étude des productions végétales et animales. Elle permet de faire une première analyse. Pour commencer, je vous présente rapidement les données utilisées aujourd’hui.
La présentation simplifiée du modèle utilisé pour la transformation est ici (en anglais). Il repose sur du deep learning. D’après Bastien L. de Le Big Data.fr, il s’agit d’un ensemble de techniques permettant de créer des algorithmes qui apprennent et s’améliorent de manière autonome.
Je n’ai pas eu accès au fonctionnement détaillé des algorithmes utilisés. J’imagine que c’est détaillé dans l’article scientifique cité comme source dans la présentation du modèle (Karra, Kontgis, et al.). Si quelqu’un a un accès, je prends !
Globalement, l’idée est d’avoir un aperçu des différents usages des sols, rassemblées sous des « grandes classes » avec une résolution assez précise de 10 m. Dans le paragraphe suivant, je vais présenter les classes concernant la Géorgie. Vous pouvez retrouver l’ensemble des classes (en anglais) sur cette page web de l’Esri.
Ce sont les données de 2021. J’ai regardé les évolutions de 2017 à 2021 et il ne semble pas y avoir de différence significative. La carte présente donc les données les plus à jour, de 2021.
Quelles sont les espaces dominants en Géorgie ?
Présentation des classes
Avec les données de 2021, on obtient la carte suivante. Les « grandes classes« , présentes sur cette carte, sont les suivantes :
arbres : végétation dense de plus de 15 m (ex : forêts naturelles et plantées),
cultures : plantées par les humains ; céréales, herbes et cultures qui ne sont pas à la hauteur des arbres (ex : maïs, blé, parcelles en jachère clairement délimitées),
pâturages (en anglais rangeland, qui peut aussi signifier « parcours ») :
couvert homogène, sur des surfaces ouvertes, avec peu ou pas de végétation ; céréales sauvages et herbes ; parcelles clairement non délimitées par les humains (ex : prairies naturelles ou champs avec quelques rares arbres ou pas d’arbres, pelouses, pâturages).
amas de plantes répartis sur un paysage montrant du sol ou la roche mère ou des buissons à l’intérieur de forêts denses,
zones construites : structures fabriquées par les humains (ex : parkings, bureaux, espaces résidentiels, routes),
eaux de surface : espaces où l’eau est majoritairement présente au long de l’année (ex : lacs, réservoirs, rivières, étangs),
sols nus : surfaces avec des roches ou du sol, avec une végétation très rare ou absente toute l’année,
neige et glace : espaces homogènes, grands et permanents de neige ou de glace (ex : glaciers, manteaux neigeux).
Les arbres (représentés en vert foncé) représentent la moitié de l’espace inclus dans la frontière administrative de la Géorgie (selon GADM). L’espace majoritaire est donc constitué de forêts (50% de la surface), suivis par les pâturages -rangelands- (30%) et les cultures (11%).
Les espaces construits représentent environ 5% de la surface définie. Pour avoir un ordre d’idée, la densité de population de la France est de 100 habitants au km² alors que la Géorgie compte environ 65 habitants au km². Respectivement, les taux d’artificialisation sont de 9% (en France en 2018) contre 5% en Géorgie en 2021.
Les autres catégories (eaux de surface, sols nus, neige et glace) représentent de manière confondue environ 4% de la surface étudiée.
Concrètement, qu’est-ce qu’on apprend sur l’agriculture géorgienne ?
Les espaces cultivés semblent être principalement dans la vallée. Les zones de moyennes et hautes montagnes paraissent être utilisées pour le pâturage. Le lien entre topographie et répartition géographique des différents types de productions paraît très fort. Il ne semble pas pertinent de faire l’étude des productions par région administrative, mais bien par espaces paysagers. Néanmoins ces données ne sont pas disponibles sur les statistiques nationales agricoles. Nous ferons donc une étude des types de production par région mais cette carte nous permettra de mettre en relief ces résultats.
Pour avoir voyagé un peu partout dans le pays (sauf en Abkhazie et en Ossétie du Sud), l’élevage bovin est présent partout. Il y a beaucoup de vaches sur les routes. Les espaces forestiers ne paraissent pas propices au pâturage et pourtant, les vaches semblent pâturer là où elles le peuvent.
Un point d’attention est à apporter concernant la classification utilisée. Comme un camarade de l’agro en diagnostic agraire en Kvemo Kartli me le disait, les résidus de cultures peuvent être aussi pâturés. Dans le modèle utilisé dans cette carte, la différence entre cultures et « pâturages » se fait en fonction de si l’algorithme arrive à détecter un espace clairement délimité ou non. Si la parcelle n’est pas clairement délimité, elle passe, pour l’algo’, en rangeland (« pâturages »). On peut poser l’hypothèse que la surface cultivée est sous-estimée car en Géorgie, la délimitation visuelle doit être plus difficile (pas de poteaux, pas de grillages). Par ailleurs, de par nos expériences de terrain, on sait que même des prairies avec peu de végétation peuvent être fauchées. Alors qu’elles ne sont pas considérées comme cultures dans cette classification, elles sont bel et bien cultivées (ou du moins fauchées).
Dans le prochain article…
Après avoir décrit une partie des éléments de contexte de la Géorgie, le prochain article s’intéresse à la production végétale.
Quelle est la formation géologique de la Géorgie ?
En Géorgie, il s’agit d’une zone de convergence, c’est-à-dire un espace où deux plaques tectoniques se rapprochent l’une de l’autre. Aujourd’hui, il s’agit de deux plaques continentales qui se font face donc on parle de zone de collision (plaque arabique contre la plaque européenne). En vérité, ce mouvement de convergence existe depuis longtemps et c’est lui qui a conduit à la formation du Caucase (en plusieurs temps).
Comme vous pouvez le voir ci-dessous, à un moment donné, il y avait un océan nommé Téthys. Le Caucase s’est globalement formé à la suite de la fermeture de cet océan. C’est ce mouvement de convergence qui existait déjà et qui a rapproché des plaques. D’abord, il y a eu le Petit Caucase et ensuite le Grand Caucase (comme on peut le voir sur cette vidéo).
Le Petit Caucase résulte d’un processus de subduction (fin du Trias, vers -250 millions à – 200 millions d’années). Cela signifie qu’une plaque (lithosphérique) océanique est passée sous une plaque (lithosphérique) continentale. C’est donc un mouvement de convergence, mais là on ne parle plus de collision (deux plaques qui se font face) mais bien de subduction (une plaque passe sous une autre). Cela a conduit à refermer une partie de cet océan.
Le Grand Caucase s’est formé plus tard, par une autre subduction (plus tard, au Miocène, entre -23 millions et -5 millions d’années). Contrairement au Petit Caucase, il y a eu, en plus, la fermeture d’un bassin sédimentaire (en résumé, un espace avec une accumulation de sédiments). Cela a continué de refermer une partie de cet océan Téthys.
La preuve qu’il y a eu de la plaque océanique sont les sédiments marins et les roches métamorphiques du faciès schiste bleu qu’il est possible de retrouver à la surface. Les géologues se servent de ces indices pour reconstituer les histoires géologiques.
Après ces subductions (et fermeture du bassin sédimentaire pour le Grand Caucase), il y a eu le début des collisions continentales. Elles sont caractérisées par des déformations, comme des plis et des failles inverses, mais aussi par une sur-épaisseur de la croûte continentale (reliefs et racines crustales).
Si vous voulez avoir une idée des mouvements des plaques tectoniques d’aujourd’hui, il y a cette carte.
Quels sont les types de sols présents en Géorgie ?
En ce qui concerne la pédologie, les données de référence ont été éditées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2006. Elles sont téléchargeables sur le site SoilGrids250m. Ce sont ces données qui ont été utilisées sur la carte ci-dessous.
A l’échelle de la Géorgie, on distingue principalement les cambisols (en orange). D’après le site de l’Observatoire du Développement rural, le cambisol est caractérisé par l’absence de couches accumulées d’argile, d’humus, de sel soluble ou d’oxydes de fer et d’aluminium. Grâce à leur structure et leur contenu élevé en minéraux, ils sont généralement bien exploitables pour l’agriculture. Il s’agit du type de sol majoritaire dans le monde et est particulièrement présent en Europe.
Ensuite, viennent les podzols (représentés en vert). Il s’agit d’un sol avec un pH très acide ce qui le rend infertile pour l’agriculture.
Les luvisols sont des sols profonds ayant une bonne fertilité agricole. En hiver, l’eau a tendance à s’accumuler, ce qui peut provoquer l’asphyxie des semis.
D’après Britannica, les kastanozems sont des sols riches en humus qui ont été initialement couverts par des pelouses. Cela a impliqué une couche brune en surface. Ils sont généralement utilisés pour l’irrigation et le pâturage.
Les chernozems sont aussi riches en humus et sont utilisés pour les céréales ou l’élevage bovin.
Enfin, les calcisols sont caractérisés par une couche où le carbonate de calcium s’est déplacé. Ce sont généralement des sols bien drainés qui sont relativement fertiles dû à leur taux important de calcium. Ils sont principalement utilisés pour le pâturage.
Dans le prochain article…
Après avoir décrit les conditions physico-chimiques (topographie, climat, géologie et pédologie), le prochain article va s’intéresser à l’usage des sols.
Ce billet démarre une série d’articles sur des cartes géorgiennes ayant pour objectif de mieux appréhender le contexte agricole local. Avant de se plonger dans la première carte, voici un petit rappel du projet.
L’objectif de Cap’Agri Géorgie
L’idée est de dérouler une présentation générale de l’agriculture en Géorgie, d’avoir une idée de ce qui est produit, des climats, peut être même des problématiques principales de production en Géorgie.
Les sources utilisées seront indiquées sur la carte. L’idée est de partager ces cartes, voir de faire des traductions (si des cartes sont déjà existantes en géorgiens). Pour les cartes que je crée, elles sont en licence Creative Commons BY-SA 4.0.
En ce qui concerne les analyses, je précise qu’elles sont basées sur mon expérience. J’aimerais bien conduire des entretiens (si possible avec des acteurs institutionnels) pour essayer d’avoir d’autres perspectives.
Un pays entre montagnes et mer, les éléments de paysages structurant
Comme vous le savez peut-être déjà, la Géorgie a une histoire pleine de tensions avec son voisin russe. Mais au-delà du fait que ce pays soit aussi entouré de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, il est surtout bordé de deux grandes chaînes de montagnes : le Grand Caucase et le Petit Caucase.
Sur cette carte, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie n’ont pas été représentées. Dans sa majorité, la communauté internationale ne reconnaît pas l’indépendance de ces régions vis-à-vis de la Géorgie.
Ces deux régions ne seront pas exclues de ce projet. Le prochain post fera un point sur la place de ces régions et des pays voisins. Ce choix est définitivement critiquable pour les Abkhazes et les Ossétiens du Sud.
Les rivières géorgiennes prennent leurs sources localement, à partir de la Turquie. C’est le cas de la Mtkvari (appelée Kura en russe et en anglais). Elle prend sa source en Turquie pour traverser la Géorgie, puis rejoindre (avec les rivières Iori et Alazani) le réservoir de Mingachevnir en Azerbaïdjan. La Mtkvari est la rivière traversant Tbilissi, la capitale.
Une partie de ces rivières vient se jeter dans la Mer Noire alors que les autres rejoignent la Mer Caspienne à l’Est.
Sur la grande majorité de sa frontière nord, la Géorgie recouvre les versants sud du Grand Caucase. Néanmoins, on peut observer 4 rivières nous indiquant qu’une petite partie de cet espace couvre aussi les versants nord.
Une vallée entourée de très hautes montagnes
Sur cette carte, les altitudes vont de -36 m à 4 853 m (par rapport au niveau de référence des données SRTM). A titre de comparaison, le Mont Blanc culmine à 4 800 m.
Il s’agit de très hautes montagnes qui structurent le paysage. Sur cette représentation, la vallée se situe globalement entre 0 m et 2 000 m d’altitude.
C’est un premier élément qui va sûrement influencer la classification des climats et des grands espaces agricoles. A ce moment de l’analyse, on peut poser ces hypothèses et tenter d’y répondre dans les prochains posts.