Pour clôturer le projet, un événement est organisé sur la Géorgie, le 28 février 2023 sur Zoom, de 20h à 21h30 (heure française).
Promis, vous n’allez pas vous ennuyer, on est 6 intervenant.e.s, étudiants et jeunes diplômés ayant vécu en Géorgie (2021-2022). On a plein de choses à vous raconter avec une vraie valeur ajoutée.
Cap’Agri Géorgie a pour objectif de vulgariser les données nationales au sujet de l’agriculturegéorgienne sous forme de cartes et d’articles. Cet article est le dernier d’une longue série réalisée pendant cette année 2022. Vous retrouverez les liens des autres articles en fin de cette page web.
Dans cet article, l’idée est de collecter des informations sur la production, l’exportation et l’importation de produits agricoles. Ensuite, il s’agit de regarder les balances commerciales et les flux financiers liés aux produits agricoles des pays limitrophes.
Plan de l’article
Quels sont les tonnages produits, importés et exportés de la Géorgie ?
Est-il possible de connaître tous les tonnages avec les données du site de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ?
Que pouvons-nous exploiter ?
Liens vers les données FAOSTAT
Valeurs ajoutées et balances commercialesde la Géorgie
Définitions
Balance commerciale par produit : limites, intérêts et valeurs
Lien vers les données Geostat
Quel est le détail des flux de produits agricoles entre la Géorgie et ses pays voisins ?
Présentation des données utilisées
Carte des équivalents financiers des flux de produits
Lien vers le détail des flux financiers entre pays
1) Quels sont les tonnages produits, importés et exportés de la Géorgie ?
1.1 Est-ce qu’il est possible de répondre à la question avec les données du site de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ?
Pour avoir une idée générale des tonnages produits, importés et exportés, nous utilisons les données de FAOSTAT 2020. Sur le graphique ci-dessous, il y a les 10 premiers produits (représentés en gris clair). Il y a aussi des données sur les exportations (en vert) et les importations (en rouge) principales.
A priori, toutes les données devraient être disponibles mais j’ai seulement celles dont le détail est dans le tableau suivant le graphique. Les réponses sont donc partielles. Je n’ai pas trouvé plus d’informations détaillées. C’est pourquoi, cet article utilise, malgré tout, ces informations.
1.2Que pouvons-nous exploiter ?
Nous avons des ordres de grandeur des quantités produites, importées et exportées, mais jamais les 3 données pour un produit.
Pour appréhender l’agriculture d’un pays, il est important d’avoir des ordres de grandeur. Le qualitatif est intéressant mais pas très convainquant. Quantifier permet de donner plus de poids à un discours et de le rendre plus pertinent. Même si il n’y a pas tous les ordres de grandeur (productions, importations, exportations) pour un même produit, ce graphique apporte au moins quelques chiffres permettant de se repérer. C’est mieux que de ne rien avoir.
Exemple du blé
A priori, il y a un déficit en céréales, et tout particulièrement en blé. Pour s’en assurer, il faudrait avoir les quantités exportées. Ce que je n’ai pas. Le fait d’affirmer qu’il y a un déficit en céréales serait vrai s’il y a peu de produits à base de blé exportés en comparaison. On peut imaginer que c’est le cas mais je n’ai pas la confirmation par les chiffres.
A titre de comparaison, la production de blé en France est de plus de 30 millions de tonnes pour 2020 (FAOSTAT), soient 294 fois plus qu’en Géorgie. Néanmoins, la France est seulement 9,2 fois plus grande que la Géorgie (en surface totale, agricole et non agricole). A surface totale égale, la France produit 32 fois plus de blé.
Il est intéressant d’avoir des ordres de grandeur mais ce chiffre ne doit pas être utilisé trop vite. Il serait intéressant de mener des enquêtes en Géorgie pour comprendre les pratiques agricoles, les rendements obtenus par bassin de production et les quantités importées / exportées.
Les valeurs des productions sont différentes selon les produits. Par exemple, le vin est un produit dérivé du raisin (il existe des raisins de table et des raisins pour le vin). Il y a une étape de transformation supplémentaire faisant que la valeur ajoutée du raisin est plus importante avec le vin.
Une balance commerciale retrace la valeur des biens exportés et importés. Elle ne rend pas compte des quantités. (Les valeurs des produits, d’une même catégorie, peuvent être différentes.)
Par contre, ce que l’on perçoit est que les produits à plus fortes valeurs ajoutées (exemple du vin par rapport au raisin) ont un poids plus fort dans la balance commerciale que ceux à faibles valeurs ajoutées. Il faut donc être vigilant car les valeurs des balances commerciales sont fortement modifiées par les valeurs ajoutées des produits. On peut le voir comme un facteur multiplicateur. Plus ce facteur est grand, plus le produit modifie rapidement la balance commerciale.
2.2 Balance commerciale par produit : limites, intérêts et valeurs
Limites et intérêts des balances commerciales
Sans la méthode précise de calcul de ces balances commerciales (détail des prix), il n’est pas possible d’estimer et de compléter les quantités produites, exportées et importées. Cependant, il est intéressant d’avoir des ordres de grandeur des produits agricoles qui apportent de la richesse et ceux qui en font perdre au pays.
Valeurs des balances commerciales (de quelques produits)
Le diagramme suivant représente la balance commerciale de quelques produits d’après les statistiques nationales (Geostat 2022). Attention, on pourrait avoir l’impression que la balance totale est globalement positive mais seulement une partie des produits a été représentée.
Rapidement, la balance commerciale est négative pour le blé (environ – 20 millions de dollars US pour la période janvier-juillet 2022), le maïs, les tomates et le raisin. Elle est positive pour l’orge, les pommes de terre (environ + 3 millions de dollars US), les noisettes (+ 37 millions de dollars US) et le vin. Le vin est un des produits agricoles qui apporte le plus de richesse avec 120 millions de dollars US.
Les géorgiens achètent très rarement du vin. Ils fabriquent le leur. Ils ont des qvevris pour réaliser la fermentation du raisin chez eux. Il existe aussi des caves pour les vins destinés à l’export. Ils sont très fiers de leur vin et de sa réputation à l’étranger.
2.3 Liens vers les données des balances commerciales de Geostat
3) Quels sont les principaux flux de produits agricoles entre la Géorgie et ses pays voisins ?
Pour faire une carte de flux entre les pays, je ne peux pas utiliser les quantités car je ne les ai pas. Ici, nous allons utilisé les équivalents en flux financiers en gardent en tête les limites énoncées précédemment.
3.1 Présentation des données utilisées
La carte qui va être présentée est issue des données du site commercial trading economics. L’utilisation de sites commerciaux n’est vraiment pas l’idéal, surtout quand il n’y a pas d’accès à la méthode de construction des données utilisées. Néanmoins, les sources de données sont présentées sur le site utilisé :
3.2 Carte des équivalents financiers des flux de produits
Pour réaliser la carte suivante, j’ai compilé les données concernant les produits agricoles du site trading economics de 2021. Les balances commerciales par catégorie de produits sont détaillées dans l’Excel suivant.
Quand on équilibre les sommes des importations et des exportations entre deux pays, on obtient le document Excel téléchargeable. En gardant que ceux de plus de 10 millions d’équivalents dollars US, on obtient la carte suivante.
Ce document est loin d’être exhaustif. L’idée est de faire apparaître les grandes tendances. Ce que l’on remarque facilement est que la majorité des flux représentés sont liés à des importations en Géorgie plutôt que des exportations. On compte notamment :
les légumes, sucres, viandes, fruits et préparation à base de céréales ou de lait venant de la Turquie ;
de graisses venant d’Arménie ;
de céréales, de graisses, de préparation à base de céréales ou de lait, des produits moulus, malts, amidons, gluten et d’engrais venant de la Russie.
Les seuls flux d’export affichés sont les fruits vers l’Arménie, les animaux vivants vers l’Azerbaïdjan, les légumes et surtout les boissons, spiritueux et vinaigres vers la Russie. Ce dernier est le bilan le plus important avec 263 millions de dollars US.
Ce sont des données qui semblent refléter les informations qualitatives que j’ai reçues sur le terrain. La fiabilité des informations pose question car je n’ai pas eu accès à la méthode mais restent intéressantes pour les ordres de grandeur qu’elles fournissent.
3.3Liens vers le détail des flux financiers entre pays
Pays de départ des produits -> Pays d’arrivée des produits
Il s’agit du dernier article ! J’espère que le projet vous a plu. N’hésitez pas à faire vos retours en commentaires de l’article, sur la page Facebook ou de me contacter sur Instagram. La campagne de financement participative est encore ouverte pour quelques jours 🙂
Quelle est la formation géologique de la Géorgie ?
En Géorgie, il s’agit d’une zone de convergence, c’est-à-dire un espace où deux plaques tectoniques se rapprochent l’une de l’autre. Aujourd’hui, il s’agit de deux plaques continentales qui se font face donc on parle de zone de collision (plaque arabique contre la plaque européenne). En vérité, ce mouvement de convergence existe depuis longtemps et c’est lui qui a conduit à la formation du Caucase (en plusieurs temps).
Comme vous pouvez le voir ci-dessous, à un moment donné, il y avait un océan nommé Téthys. Le Caucase s’est globalement formé à la suite de la fermeture de cet océan. C’est ce mouvement de convergence qui existait déjà et qui a rapproché des plaques. D’abord, il y a eu le Petit Caucase et ensuite le Grand Caucase (comme on peut le voir sur cette vidéo).
Le Petit Caucase résulte d’un processus de subduction (fin du Trias, vers -250 millions à – 200 millions d’années). Cela signifie qu’une plaque (lithosphérique) océanique est passée sous une plaque (lithosphérique) continentale. C’est donc un mouvement de convergence, mais là on ne parle plus de collision (deux plaques qui se font face) mais bien de subduction (une plaque passe sous une autre). Cela a conduit à refermer une partie de cet océan.
Le Grand Caucase s’est formé plus tard, par une autre subduction (plus tard, au Miocène, entre -23 millions et -5 millions d’années). Contrairement au Petit Caucase, il y a eu, en plus, la fermeture d’un bassin sédimentaire (en résumé, un espace avec une accumulation de sédiments). Cela a continué de refermer une partie de cet océan Téthys.
La preuve qu’il y a eu de la plaque océanique sont les sédiments marins et les roches métamorphiques du faciès schiste bleu qu’il est possible de retrouver à la surface. Les géologues se servent de ces indices pour reconstituer les histoires géologiques.
Après ces subductions (et fermeture du bassin sédimentaire pour le Grand Caucase), il y a eu le début des collisions continentales. Elles sont caractérisées par des déformations, comme des plis et des failles inverses, mais aussi par une sur-épaisseur de la croûte continentale (reliefs et racines crustales).
Si vous voulez avoir une idée des mouvements des plaques tectoniques d’aujourd’hui, il y a cette carte.
Quels sont les types de sols présents en Géorgie ?
En ce qui concerne la pédologie, les données de référence ont été éditées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2006. Elles sont téléchargeables sur le site SoilGrids250m. Ce sont ces données qui ont été utilisées sur la carte ci-dessous.
A l’échelle de la Géorgie, on distingue principalement les cambisols (en orange). D’après le site de l’Observatoire du Développement rural, le cambisol est caractérisé par l’absence de couches accumulées d’argile, d’humus, de sel soluble ou d’oxydes de fer et d’aluminium. Grâce à leur structure et leur contenu élevé en minéraux, ils sont généralement bien exploitables pour l’agriculture. Il s’agit du type de sol majoritaire dans le monde et est particulièrement présent en Europe.
Ensuite, viennent les podzols (représentés en vert). Il s’agit d’un sol avec un pH très acide ce qui le rend infertile pour l’agriculture.
Les luvisols sont des sols profonds ayant une bonne fertilité agricole. En hiver, l’eau a tendance à s’accumuler, ce qui peut provoquer l’asphyxie des semis.
D’après Britannica, les kastanozems sont des sols riches en humus qui ont été initialement couverts par des pelouses. Cela a impliqué une couche brune en surface. Ils sont généralement utilisés pour l’irrigation et le pâturage.
Les chernozems sont aussi riches en humus et sont utilisés pour les céréales ou l’élevage bovin.
Enfin, les calcisols sont caractérisés par une couche où le carbonate de calcium s’est déplacé. Ce sont généralement des sols bien drainés qui sont relativement fertiles dû à leur taux important de calcium. Ils sont principalement utilisés pour le pâturage.
Dans le prochain article…
Après avoir décrit les conditions physico-chimiques (topographie, climat, géologie et pédologie), le prochain article va s’intéresser à l’usage des sols.
Ce billet démarre une série d’articles sur des cartes géorgiennes ayant pour objectif de mieux appréhender le contexte agricole local. Avant de se plonger dans la première carte, voici un petit rappel du projet.
L’objectif de Cap’Agri Géorgie
L’idée est de dérouler une présentation générale de l’agriculture en Géorgie, d’avoir une idée de ce qui est produit, des climats, peut être même des problématiques principales de production en Géorgie.
Les sources utilisées seront indiquées sur la carte. L’idée est de partager ces cartes, voir de faire des traductions (si des cartes sont déjà existantes en géorgiens). Pour les cartes que je crée, elles sont en licence Creative Commons BY-SA 4.0.
En ce qui concerne les analyses, je précise qu’elles sont basées sur mon expérience. J’aimerais bien conduire des entretiens (si possible avec des acteurs institutionnels) pour essayer d’avoir d’autres perspectives.
Un pays entre montagnes et mer, les éléments de paysages structurant
Comme vous le savez peut-être déjà, la Géorgie a une histoire pleine de tensions avec son voisin russe. Mais au-delà du fait que ce pays soit aussi entouré de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, il est surtout bordé de deux grandes chaînes de montagnes : le Grand Caucase et le Petit Caucase.
Sur cette carte, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie n’ont pas été représentées. Dans sa majorité, la communauté internationale ne reconnaît pas l’indépendance de ces régions vis-à-vis de la Géorgie.
Ces deux régions ne seront pas exclues de ce projet. Le prochain post fera un point sur la place de ces régions et des pays voisins. Ce choix est définitivement critiquable pour les Abkhazes et les Ossétiens du Sud.
Les rivières géorgiennes prennent leurs sources localement, à partir de la Turquie. C’est le cas de la Mtkvari (appelée Kura en russe et en anglais). Elle prend sa source en Turquie pour traverser la Géorgie, puis rejoindre (avec les rivières Iori et Alazani) le réservoir de Mingachevnir en Azerbaïdjan. La Mtkvari est la rivière traversant Tbilissi, la capitale.
Une partie de ces rivières vient se jeter dans la Mer Noire alors que les autres rejoignent la Mer Caspienne à l’Est.
Sur la grande majorité de sa frontière nord, la Géorgie recouvre les versants sud du Grand Caucase. Néanmoins, on peut observer 4 rivières nous indiquant qu’une petite partie de cet espace couvre aussi les versants nord.
Une vallée entourée de très hautes montagnes
Sur cette carte, les altitudes vont de -36 m à 4 853 m (par rapport au niveau de référence des données SRTM). A titre de comparaison, le Mont Blanc culmine à 4 800 m.
Il s’agit de très hautes montagnes qui structurent le paysage. Sur cette représentation, la vallée se situe globalement entre 0 m et 2 000 m d’altitude.
C’est un premier élément qui va sûrement influencer la classification des climats et des grands espaces agricoles. A ce moment de l’analyse, on peut poser ces hypothèses et tenter d’y répondre dans les prochains posts.