Favoriser la vie du sol grâce au Bois Raméal Fragmenté

C’EST QUOI LE BOIS RAMÉAL FRAGMENTÉ ?

Le bois raméal fragmenté (abrégé BRF) est un paillis nourricier, reproduisant la terre riche des forêts, que l’on peut déposer sur son sol pour l’enrichir. Il s’agit d’un mélange non composté de résidus de broyage de rameaux de bois (c’est-à-dire les branches de l’année), issus majoritairement d’arbres feuillus. Le BRF sert ainsi à améliorer l’activité du sol en introduisant dans le sol de la matière organique, notamment de la cellulose et de la lignine dégradés par des champignons mycéliens. Avec l’action combinée d’autres organismes, des nutriments essentiels au développement des plantes sont rendus disponibles dans le sol.

QU’EST CE QUI FAIT UN BON BRF ?

N’importe quel bois ne peut être utilisé pour faire du BRF. Il est important qu’il s’agit de rameaux ou de jeunes branches de moins de 7 cm de diamètre, constituant des parties vivantes de l’arbre. La lignine qui les constitue n’étant pas encore polymérisée, elle est facilement dégradable par les champignons mycéliens. Il est également conseillé d’utiliser du bois de feuillus plutôt que du bois de résineux (pas plus de 15 %). En effet, la lignine des résineux serait plus difficile à décomposer et ils contiennent une teneur élevée en composés empêchant la germination des autres plantes.

COMMENT FABRIQUER OU SE PROCURER DU BRF ?

  • Directement dans son jardin : il est possible de broyer une partie des déchets de taille des arbres et des arbustes de son jardin. Pour fragmenter le bois soi-même, on peut louer un broyeur auprès de sa commune ou d’une association, ou bien en acheter un en commun avec d’autres personnes. Certains le font également à la machette, mais cette technique demande plus de temp (et d’énergie) !
  • Chez les élagueurs : ceux-ci payent une taxe pour pouvoir se débarrasser de leurs déchets de taille dans les déchetteries. Ils devraient donc vous les céder gratuitement.
  • Auprès des services municipaux : certaines municipalités mettent à disposition leur broyat ou déchets de taille, et les livrent même parfois.
  • Sur le bord de la route : parfois les résidus de broyat de l’entretien du bord des routes sont laissés directement sur place. Il suffit d’aller les récupérer. Toutefois, il sera difficile de connaître la composition du broyat.

COMMENT L’UTILISER ?

Pour utiliser du BRF en tant que fertilisant, il est conseillé de l’épandre directement après le broyage, pour que le processus de dégradation commence directement dans le sol. Un des problèmes pouvant survenir avec le BRF est la faim d’azote : quand il y a trop de carbone par rapport à l’azote dans la matière à décomposer, les micro-organismes du sol puisent l’azote du sol pour se développer, qui devient alors moins disponible pour les plantes. Pour éviter que ce processus soit en compétition avec le développement des plantes, il est généralement conseillé de l’épandre en automne ou hiver, alors que les végétaux sont en dormance. Le BRF doit être épandu sur le sol en couche d’au moins 3 cm, après avoir griffé le sol sur 5 à 10 cm pour améliorer le contact entre le BRF et le sol.

Certains conseillent d’ailleurs de cultiver des légumineuses (fèves, haricots, pois, luzerne…) une année avant l’utilisation de BRF pour éviter la faim d’azote.

Le BRF devrait se dégrader en deux ou trois ans. Si le sol n’a pas encore assez d’activité biologique, on peut le renouveler. Sinon, un compost peut suffir pour entretenir l’activité du sol.

Le BRF peut également être utilisé comme simple paillage en déposant 4 à 5 cm de BRF autour de la plante sans la toucher directement.

POURQUOI UTILISER DU BRF ?

Le BRF possède plusieurs avantages lié à sa nature particulière :

  • Augmentation de l’activité biologique et de la fertilisation : les champignons mycéliens dégradent la lignine et la cellulose, alimentant les chaînes trophiques, et participe ainsi à la création d’humus et à la minéralisation de la matière organique. Des nutriments nécessaires au développement des plantes (nitrates, phosphates…) sont ainsi rendus disponibles dans le sol.
  • Rétention de l’humidité : les fragments de bois raméal disséminés dans la couche superficielle du sol absorbent l’eau de pluie, et limitent le lessivage des nutriments. Ces deux éléments sont profitables pour les plantes.
  • Amélioration de la structure du sol : la création d’humus améliore la structure du sol.

Le BRF possède également d’autres avantages communs aux autres paillages (paille, écorces, feuilles…) :

  • Réduction des besoins en eau des plantes : le BRF limite l’évaporation de l’eau du sol.
  • Diminution de la pression en mauvaises herbes : en empêchant la lumière d’atteindre la surface du sol, les mauvaises herbes ne peuvent pas germer et se développer.
  • Effet tampon sur la température : le BRF crée une couche isolante, limitant le gel en hiver et les températures trop élevées en été.

Cependant, en plus d’une possible faim d’azote, l’utilisation de BRF demande quelques précautions :

  • Le BRF doit rester à la surface du sol plusieurs années pour développer ses avantages, son utilisation n’est donc pas compatible avec certains agricultures.
  • Le sol peut se réchauffer moins vite au printemps, puisque le BRF agit comme une couche d’isolant, ne favorisant pas la vie du sol et le développement des plantes.
  • Placé au contact du collet du végétal, le BRF humide peut favoriser le développement de champignons pathogènes du végétal. Il faut donc être attentif à éviter ce contact lors de l’épandage du BRF.

Une vidéo explicative :

Sources :

Saler et fumer pour conserver sa viande et son poisson

Autrefois, coupler salage et fumage pour conserver sa viande et son poisson était une des seules méthodes possibles. Le fumage transforme le goût, la couleur et la texture de l’aliment, tout en allongeant la conservation de sa viande ou de son poisson de plusieurs mois. Voici un article qui vous en apprendra plus sur cette technique de conservation ancestrale, et comment la pratiquer !

Le fumoir de la Maison Verte, en Gaspésie (Québec)

LES DIFFÉRENTS TYPES DE FUMAGE

Il existe deux types de fumage, dont l’un ne permet pas d’améliorer la conservation des aliments :

  • Le fumage à chaud s’apparente à une méthode de cuisson : l’aliment est fumé à des températures atteignant plus de 40 °C pendant plusieurs heures. L’intérêt est de développer des arômes de fumée mais pas d’améliorer la conservation de l’aliment.
  • Le fumage à froid dure quant à lui plusieurs heures à plusieurs jours et n’atteint pas plus de 28 °C (température au-delà de laquelle une cuisson peut démarrer). Il aide à la conservation des produits car une longue exposition à la fumée inhibe les champignons.

COMMENT CONSERVER SES ALIMENTS PAR SALAGE ET FUMAGE A FROID ?

Pour améliorer la conservation du poisson ou de la viande, il faut coupler salage et fumage :

– Le salage est réalisé à sec, en saumure ou par injection. Dans tous les cas, le sel permet d’inhiber la croissance des micro-organismes (dont certains sont potentiellement dangereux) en diminuant la disponibilité de l’eau et sa teneur dans l’aliment. Grâce à cette étape, la fumée pourra également mieux pénétrer l’aliment, afin d’assurer la bonne conservation. Pour un salage à sec, la règle générale est d’utiliser 30 à 35 g de sel par kilo de produit et de laisser reposer 18 h par centimètre d’épaisseur (mesurée dans la partie la plus épaisse).

– Le temps de fumage à froid dépend de nombreux facteurs : taille du produit, température, isolation, taille du fumoir etc. Certains sites donnent des indications de temps, par exemple : https://www.fumoir.net/content/6-trucs-et-astuces-de-fumage

COMMENT FONCTIONNE UN FUMOIR A FROID ?

Vous pouvez vous procurer des fumoirs à froid dans le commerce ou le construire vous même :

Ce qui va distinguer un fumoir à froid d’un fumoir à chaud est la distance entre la source de fumée et le caisson de fumage. Cette distance est plus grande dans le cas d’un fumoir à froid pour permettre à la fumée de se refroidir.

Il est possible de mettre des copeaux humides ou de la sciure sur des braises pour produire la fumée, le but étant “d’étouffer” le feu. De plus, l’essence de bois utilisée peut produire plus ou moins de fumée et influence l’arôme : l’hêtre et l’érable sont très appréciés en ce sens. Les résineux ne doivent pas être utilisés : leur résine altère le goût.

Précautions :

  • La viande ou le poisson destiné(e) au fumage doit être d’une très grande fraîcheur.
  • Bien qu’un aliment correctement salé et longuement fumé pourrait être conservé plusieurs mois sans réfrigérateur dans un endroit frais, certains préféreront conserver l’aliment au réfrigérateur ou au congélateur pour éviter tout risque sanitaire. Dans tous les cas, l’aliment se conservera plusieurs mois de plus grâce au fumage.

Sources :

Sécher ses aliments avec des matériaux de base et l’énergie du soleil

Le séchage est un procédé de conservation qui consiste à retirer une grande partie de l’eau des aliments afin d’inhiber les micro-organismes et de stopper certaines réactions enzymatiques se produisant naturellement dans les aliments. En comparaison à d’autres méthodes de conservation, comme la stérilisation, la qualité nutritive des aliments est mieux préservée. A la fin du processus, les aliments ont un volume et une masse moins élevés.

Presque tous les aliments peuvent être séchés. Même si les plus courants sont les fruits, les légumes, les herbes aromatiques, on peut aussi sécher la viande et le poisson.

 

LES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE SÉCHAGE

Traditionnellement, certains climats chauds et secs permettent de sécher des aliments directement au soleil. Cependant, sous nos latitudes où il fait moins chaud, on peut utiliser un four (à basse température), un déshydrateur électrique ou un séchoir solaire. Dans cet article, nous nous intéresserons plus particulièrement à cette dernière méthode.

Le principe d’un séchoir solaire est de capter les rayons du soleil à l’intérieur d’une “boîte” afin de créer un effet de serre. Dans la plupart des cas, une vitre placée à 45° permet la captation optimale des rayons solaires sous nos latitudes (l’angle optimal varie en fonction de la latitude). L’avantage principal de cette méthode est qu’elle ne nécessite aucune autre énergie que le soleil, contrairement au déshydrateur électrique et au four. Toutefois, il ne fonctionnera que par temps ensoleillé, et la température de séchage n’est pas facilement réglable.

Dans la plupart des cas, le séchoir est auto-construit. Voici le fonctionnement de plusieurs types de séchoirs dont nous avons trouvé les plans sur internet ou que nous avons découvert lors de notre périple. Cependant, nous n’avons pas pu tester tous les modèles dans la réalité.

 

LES SÉCHOIRS À CHAUFFAGE DIRECT

Ils sont simples à réaliser et à déplacer, mais l’exposition directe au soleil dégrade certains composants et risque de cuire les aliments . Ils se composent d’un châssis vitré, sous lequel les produits sont disposés.

 

La plaque de verre permet de réchauffer l’air à l’intérieur du séchoir. Cet intérieur doit être sombre pour mieux absorber les rayons solaires. Du fait des trous d’aération, un flux d’air est créé et sèche les aliments. L’air entre par les trous inférieurs, se réchauffe puis s’évacue par les trous supérieurs (l’air chaud est moins dense que l’air froid). Si vous voulez en savoir plus, voici un site proposant un plan pour construire un tel séchoir.

 

LES SÉCHOIRS À CHAUFFAGE INDIRECTS

Ils sont plus difficiles à réaliser, mais évitent l’exposition directe en chauffant l’air et en le faisant circuler entre les aliments à sécher.

Pour éviter une exposition directe des aliments au soleil, la partie vitrée est séparée de la partie de séchage. L’air entre dans la partie vitrée, se réchauffe grâce au rayonnement solaire capté par la face inférieure sombre au travers de la vitre. L’air chaud monte dans le séchoir, où les aliments sont placés sur des supports grillagés ou des broches, de façon à laisser circuler l’air. Pour optimiser le flux d’air, une cheminée de couleur sombre et doublée de plastique transparent est installée. De ce fait, elle réchauffe l’air sortant et crée ainsi une aspiration naturelle. Par exemple, elle peut être faite en plexiglas peint en noir à l’intérieur.

Afin d’utiliser son séchoir sur une plus longue période de l’année, l’intérieur du caisson peut être isolé.

Beaucoup plus de sites proposent des plans pour ce type de séchoir, dont des variantes plus compactes :

 
 

LE SÉCHOIR D’ES-CARGO

 
 

Lors de notre visite à ES-Cargo, un séchoir solaire très compact à chauffage indirect nous a intrigué. Si vous n’avez pas une grande quantité d’aliments à sécher, celui-ci est simple à construire et semble bien fonctionner !

Celui-ci a été construit en fonction des dimensions d’une vitre récupérée, donc pas besoin d’être équipé d’un coupe-verre. Cette dernière est montée sur un châssis avec une plaque de métal foncé au fond. Un support grillagé est placé derrière cette première partie vitrée. Au fond du séchoir se situe un isolant (comme du papier bulle) par-dessus lequel se trouve une couche brillante (aluminium ou autre).

La vitre va piéger les rayonnements solaires qui vont réchauffer la plaque métallique. L’air entrant va se réchauffer au contact de cette plaque chaude et donc sécher les aliments. De plus, des rayons infrarouges sont émis de cette plaque métallique chaude et sont réfléchis par le fond brillant, ce qui chauffe l’air et les aliments.

 

 
 
 

Ce système est incliné de façon à ce que les aliments ne tombent pas. Cet angle est inférieur à 45° (angle optimal sous nos latitudes) donc le système perd en efficacité pour capter les rayons solaires.

 

Pratique : pour simplifier les manutentions, on souhaitera souvent faire passer par les portes de la maison le support grillagé rempli d’aliments ; attention donc à ce que la vitre initiale ne soit pas trop grande.

 

COMMENT PRÉPARER SES ALIMENTS ET UTILISER SON SÉCHOIR ?

 

Chaque aliment a une préparation et un temps de séchage différents mais d’une manière générale, les aliments doivent être propres et tranchés d’une épaisseur égale pour un séchage rapide et uniforme. Les légumes peuvent être blanchis pour préserver leur goût et leur texture. Les fruits doivent être pelés et dénoyautés.

Si des grilles sont utilisées, les tranches ne doivent pas se recouvrir. S’il s’agit de broches, il faut laisser un espace entre chaque tranche pour laisser circuler l’air.

Quelque soit le séchoir utilisé, il faut s’assurer de bien l’orienter face au soleil pour que le séchage soit le plus efficace. Pour s’en assurer, il faudra ainsi le tourner plusieurs fois pendant la journée. Un thermomètre peut être installé pour vérifier que la température ne dépasse pas les 55 °C afin de ne pas cuire les aliments. Le soir, il convient de rentrer les aliments pour éviter l’humidité de la nuit et donc le risque de moisissures.

Si les conditions météorologiques (nuages, pluie) ne permettent pas de sécher totalement les aliments au bout de quelques jours d’exposition, un four à très basse température permet de terminer le séchage.

 
 

COMBIEN DE TEMPS DES ALIMENTS SÉCHÉS SE CONSERVENT-ILS ?

 

Selon l’aliment, la conservation peut facilement durer plusieurs années si de bonnes conditions sont réunies :

  • fermeture hermétique du contenant car l’exposition à un milieu humide pourrait causer l’apparition de moisissures ;

  • absence de lumière pour éviter la détérioration de certains composés, notamment la vitamine A ;

  • et absence d’oxygène, ce dernier étant responsable d’une détérioration nutritionnelle et visuelle des produits séchés.

Plus la température de conservation est basse, plus le produit se conservera longtemps. Certains préconisent même de mettre ses produits séchés au réfrigérateur, mais on peut trouver ça incohérent car un des intérêts du séchage est de se passer de réfrigération.

Si la conservation ne dure que quelques mois, un bocal hermétique est suffisant.

 

Sources :