Tout d’abord, je tiens à remercier tout celles et ceux qui soutiennent Les Agro’nautes, notre projet et nos convictions. Et merci à ceux qui suivent mes aventures et prennent de mes nouvelles, je vis des moments magiques, rencontre d’incroyables personnes mais je pense aussi bien à vous en France et ailleurs, et j’ai également hâte de rentrer en France vous retrouver.
Nous avons récolter 80% de la collecte sur notre plateforme de financement participatif, mais ce n’est pas fini et je compte sur votre soutien, voici le lien : https://www.miimosa.com/illustration-des-systemes-agricoles-durables-dans-le-monde
Merci et bonne lecture.
Bienvenue aux États-Unis!
Je suis arrivé aux Etats-Unis le 7 mai dernier, à Los Angeles en Californie. J’en connaissais déjà beaucoup sur les E.-U., grâce aux films et aux séries américaines, ou quelques clichés. Mais par ce voyage, je souhaitais vraiment rencontrer le pays profond, vu depuis les campagnes et non les villes. Et plus précisément en visitant des fermes grâce au réseau WWOOF (World Wide Opportunities on Organic Farm). Let’s start the American Dream ?
Première impression : des rues immenses (appelés Avenue ou Boulevard) bordés de palmiers, de grosses voitures, et des gens gros ! Bon là j’exagère peut-être. Et bien sûr, tout à vitesse rapide : fast-food, coffee to go, drive, gens pressés, etc. Car aux États-Unis, tout doit être rapide et facile, peut-être parce que les « étasuniens sont faignants » (cité par une habitante elle-même). Revenons à mon voyage, pourquoi suis-je ici ? Quelque chose en rapport avec l’agriculture durable ! Mais tout d’abord, faisons connaissance avec le pays grâce à quelques chiffres.
Les Etats-Unis d’Amérique a une superficie de 9,8 millions de km2, 320 millions d’habitants et un PIB par habitant de $54 400. On compte environ 2,2 millions d’exploitations agricoles couvrant 3,7 millions de km, soit une taille moyenne des fermes de 176 ha. Les rendements sont élevés : 10 t/ha pour le maïs, 2.9 t/ha pour le soja, 2.9 t/ha pour le blé. 30,2 millions de bovins sont abbatus chaque annee, et le pays compte 14 350 restaurants McDonald’s sur un total de 35 500 dans le monde.(Sources : FAO, Wikipedia, USDA, statista.com)
Ils ont également des lois illogiques, comme laisser conduire un gosse de 16 ans mais l’autoriser à boire une bière à 21 !
Bref, ce que j’attends par ce voyage est de comprendre ces chiffres et rencontrer des agricultures alternatives, des agriculteurs qui ne sont pas toujours en accord avec le système, et qui essayent de rendre le monde, l’alimentation et les esprits plus durables, avec humanité. Et cela est un grand défi à relever.
Maintenant que vous savez à-peu-près pourquoi je suis ici, regardons de plus près mon itinéraire au sein de ce vaste pays. Je traverse les Etats-Unis d’Ouest en Est, depuis Los Angeles en Californie jusqu’à Atlanta en Géorgie. Je vais parcourir au total 5420 km en visitant 9 états : la Californie, l’Arizona, le Nouveau-Mexique, le Colorado, le Kansas, l’Oklahoma, l’Arkansas, le Tennessee et la Géorgie, avant mon retour en France le 2 août. Vous pouvez retrouver mon itineraire ICI.
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Je vous laisse lire le résumé de mes aventures.
Californie
Depuis le Hollywood Boulevard jusqu’au désert californien
Après m’être perdu dans Santa Monica, je suis enfin arrivé à Hollywood où je suis resté pour trois nuits chez Ken grâce au Couchsurfing. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai choisi Los Angeles, et me retrouver au cœur d’Hollywood ne m’a pas réjoui plus que ça, car je ne m’intéresse pas particulièrement au cinéma. Heureusement, Ken m’a bien aidé à trouver ce que je recherchais (un nouvel ordinateur portable, des vinyles pour envoyer à mon frère, etc.), et m’a emmené déjeuner et boire un verre en ville. Et je le remercie sincèrement pour tout cela. Bien sûr, j’ai pu me promener sur le célèbre Hollywood Boulevard, au trottoir parsemés d’étoiles avec le nom de célébrités (Walk of Fame).
Mon premier défi fut de rejoindre mon premier arrêt en autostop. Cala fonctionna jusqu’à Bakersfield où j’ai attendu en vain que quelqu’un me conduise en direction de Lake Isabella. Les californiens conduisant de grosses voitures aux fenêtres teintées prenaient juste le temps de me défigurer et passaient leur chemin, sans aucune pitié pour ce pauvre garçon brulant sous le soleil ! Parfois, certains passaient à dix centimètres de moi, conduisant à toute vitesse, ou même me lançaient des gestes obscènes. Qui est cet abruti qui n’a pas de voiture ?! Car j’ai oublié de préciser avant que les Etats-Unis est le pays avec le nombre de véhicules par famille le plus élevé au monde ! Après trois heures d’attente, je décidai de prendre le bus, et j’eus de la chance d’avoir le dernier en direction de Lake Isabella. Sur la route, je pus admirer – ou pas – les immenses gisement de pétrole, les infinis hectares de vergers et vignes produisant oranges, olives, amandes, raisins, et sans aucune mauvaise herbe entre les rangs. Heureusement, le paysage de la Sierra Nevada en fond rattrapait le tout.
Même si j’étais toujours en colère contre les californiens qui ne s’étaient pas arrêtés à ma vue, c’est avec le sourire que j’arrivai à Onyx Family Farm en fin d’après-midi. Je rencontrai les autres volontaires : Sabrina, Dylan, Red, Matt, Jim et Anouk (la seule européenne). Ils m’accueillirent chaleureusement et m’aidèrent à monter une tente pour moi. Je rencontrai également Ari (difficile prononciation) et Luna, le chien et la chienne, Doctor B le chat, Papaya la poule domestique et Elvis, la sacré vieille tortue ! J’ai réalisé que j’avais atterri dans une zone à très faible densité de population, le désert ! Il faisait chaud la journée, et frais la nuit, et pas le moindre indice d’une récente pluie. Le maître des lieux, Jake, travaillait chaque après-midi animant les heures d’après-classe pour les enfants. Il avait démarré son projet cinq ans auparavant et investissait une partie de son salaire dans la ferme.
Pendant trois semaines, j’ai œuvré aux différentes tâches de l’exploitation soient : cultiver des fruits et légumes, élever de nombreux poussins, recueillir les œufs, et faire les marchés le week-end.
Sur la voie de la durabilité
Pas facile d’être 100% bio et d’être durable à tous les niveaux. Jake fait son possible pour proposer des produits frais et de qualité aux clients. Après avoir effectué quelques jobs, il trouva un bout de terrain près de chez ses parents et y démarra sa ferme, cultivant fruits, légumes, céréales et élevant des poules. La cour de chez ses parents se transforma en magasin ouvert tous les jours en période estivale. Il y a quelque temps, il initia deux marchés de producteurs, encore petit pour le moment, et où Jake est le seul à vendre fruits, légumes et œufs.
Dans l’impossibilité de proposer une quantité et une diversité suffisante de produits de la ferme sur les marchés, Jake achète et revend de nombreux fruits et légumes, bios si possible, et non dispoèible à la ferme. Lors de ma présence à Onyx Family Farm, les produits que nous revendions représentaient 80% du total.
Même s’il n’applique pas les règles de la certification biologique, il n’utilise aucun pesticide. Pour économiser au plus, il achète les aliments pour les poules bon marché et utilise des engrais artificiels pour fertiliser le sol, qui perdent leurs nutriments rapidement dans cette zone. Ces pratiques sont justifiés par la recherche d’un équilibre entre les contraintes économiques et les besoins des cultures et animaux, tout en préservant au mieux les ressources naturelles.
Cette première étape m’a permis d’illustrer un bon exemple d’alternative aux supermarchés et à l’agriculture industrielle. Jake a réussi à relever le défi de proposer des produits frais et sains sur les marchés de la Kern River Valley. Les consommateurs, de ce que j’ai pu voir, sont contents de trouver de bons produits près de leur domicile sans avoir à se rendre à Walmart.
Cependant, les produits bios qu’il achète proviennent d’une ferme-entreprise produisant à grande échelle (Cal-Organic) et non de petits exploitants. Les grandes entreprises et l’agriculture à grande échelle semble dominer dans le pays, et même quand on parle de bio ! Mais sachez que ça n’est pas simple d’obtenir la certification biologique, et cela coûte cher, et devient donc plus facile pour les fermes produisant en quantités importantes. Sinon, les consommateurs doivent faire confiance aux agriculteurs vendant sur les marchés, et c’est le cas pour Jake qui dit ne pas avoir besoin de la certification.
Un sujet intéressant qui sera surement abordé dans une future vidéo ou futur article.
De bons moments et de belles rencontres
Pendant mon séjour, j’ai fait des tas de rencontres. Premièrement, deux wwoofers arrivés à la ferme en septembre dernier, Sabrina et Dylan. Ils souhaitent s’installer en Californie et découvrir l’agriculture, et aident alors Jake quotidiennement. En juin, ils déménagent dans une petite maison écologique et vont continuer à travailler pour Jake, ainsi que pour le propriétaire de leur nouveau lieu de vie, et sûrement peu à peu démarrer leur propre ferme. Je leur souhaite de réussir dans leur projet !
Une agréable rencontre fut celle avec Debbie, une agricultrice habitant près de la ferme, et ses adorables chèvres ! Elle prépare du fromage de chèvre et réalise du savon au lait de chèvre. Nous avons donc été invités à préparer ces produits avec elle, et ce fut très sympa d’échanger avec Debbie. J’étais alors impatient de découvrir ma prochaine ferme avec des chèvres. Je te souhaite plein du bonheur à toi et tes chèvres Debbie !
Également, Red, Jim et Matt, trois jeunes recherchant quelque chose à faire de leur vie ! Nous avons beaucoup échangé sur bien des sujets et nous nous sommes rendus aux « hotsprings » (sources chaudes) bordant la Kern River, pour s’y
relaxer. Lors de ma première semaine, nous avons apprécié la présence d’Anouk, d’Amsterdam. Sa magnifique voix et son talent de cuisinière nous a ravi et elle nous a manqué après son départ. J’espère la revoir un jour en Europe, ainsi que tous les autres !
Enfin, je souhaite le meilleur à Jake et Erick, et de la réussite pour Onyx Family Farm ! Je suis certain qu’ils sauront relever les défis suivants : faire que la ferme continue à fonctionner, la rendre la plus durable possible et rendre les consommateurs heureux avec vos produits !
On the road again
Direction ma prochaine étape : Le Grand Canyon. Je quittai alors Jake, Erick, Sab et Dylan sur le marché de Ridgecrest, un dimanche ensoleillé, pour poursuivre ma route vers l’Est. Je n’ai pu découvrir qu’une infime partie de la Californie et cela fut une bonne expérience. Je ne m’attendais pas à me retrouver dans un désert entouré de montagnes, forêts et rivières, et ce fut agréable.
Arizona
Une rencontre inattendue
Je passai la majorité du dimanche en compagnie de Marina, une dame de 70 ans et ses deux Chihuahuas, qui me conduisit jusqu’à Flagstaff en Arizona, à une heure trente du canyon. Sur la route, les paysages désertiques me rappelaient un vieux Cartoon, Bip-bip et Coyotte ! Puis peu à peu on retrouvait de la verdure. Mon plan était de camper à l’entrée du Canyon pour deux nuits et d’ensuite continuer ma route vers le Nouveau-Mexique. Mais ça ne se passa pas comme prévu ! Marina prenait son temps sur la route, nous nous sommes arrêtés déjeuner, promener ses chiens, si bien que je suis arrivé à Flagstaff à la tombée de la nuit, et difficile de trouver une voiture pour le Grand Canyon à cette heure-ci. Abandonnant l’autostop, je demandai alors le campement le plus proche à deux jeunes cyclistes dans la rue, afin d’y installer mon hamac pour la nuit. Ils m’invitèrent à les suivre, il y avait un bois près de chez eux où je serai tranquille. Nous discutions sur le chemin et au je fis plus ample connaissance avec eux. Au final, Kendra et Kurt m’ont gentiment proposé de rester chez eux pour la nuit. Je les remerciais, acceptais et passais la soirée en leur compagnie ainsi que des amis à eux travaillant pour la majorité au Grand Canyon.
Une parfaite journée !
Le lendemain, je débutai l’autostop vers le Canyon. J’avais décidé de reporter mon arrivée au Nouveau Mexique un jour plus tard, et laissai mon sac à dos chez Kendra et Kurt pour le retrouver le jour suivant. Clara, Arcita et Christie me conduisirent alors au Canyon, et j’échangeai avec elles des conversations mixant l’espagnol et l’anglais (Clara et Arcita étaient originaire d’Équateur !). Christie fut impressionnée par mon voyage et me confia que mon projet était enrichissant, mieux qu’une année sur les bancs de l’école, et je suis tout à fait d’accord avec elle ! Nous discutions de nos pays respectifs et elle avoua que les étasuniens « étaient faignants et non cultivés ». Je pense que cela est une conséquence au lavage de cerveaux de nos sociétés de consommation, mais heureusement, il existe des gens biens partout.
Ce lundi était un jour férié aux USA et le « Visitor Center » du Canyon était rempli de gens. Je fus surpris et chanceux d’apprendre qu’il restait une place dans un campement à l’intérieur du canyon, et régla les $18 de frais pour la nuit. Heureux à l’idée de camper dans ce lieu mythique, j’entamai alors ma descente dans le canyon, émerveillé par l’incroyable paysage. Deux heures après, j’atteignis le « Indian Campground ». Le temps de déposer mes affaires et de déjeuner, et je continuais la descente du Canyon avec un objectif en tête : atteindre le Colorado.
Un rêve
Je rêvais d’un bain rafraichissant dans le Colorado, traversant le Canyon, et illustrant un décor à couper le souffle. Et le rêve devint réalité.
Sur mon chemin, je rencontrai d’incroyables plantes, des écureuils, et des paysages rocheux impressionnants. J’ai apprécié un diner froid tout en observant les lumières du coucher de soleil éclairant les roches, puis admiré un magnifique ciel étoilé, avant d’entamer une courte nuit dans mon hamac. A 6h45 le lendemain, je commençais mon ascension vers le sommet.
Je retournai chez Kurt et Kendra le lendemain, les yeux remplis d’étoiles après cette randonnée d’exception. Le soir, j’accompagnai Kendra à son cours de djembé, j’étais vraiment content d’entendre de la musique africaine à nouveau. Je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir accueilli alors que j’étais un parfait inconnu dans la rue.
Mon aventure en Arizona se termine le 1er juin, attendant une voiture pour me conduire vers Albuquerque.
Merci de m’avoir lu, et à très bientôt pour la suite des aventures ! (Nouveau-Mexique, Colorado et Kansas)
A+
Paragraphe bonus
Parcourir plus de 5000 km en stop à travers les États-Unis est un véritable défi ! Si j’ai choisi ce moyen, c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour des raisons financières : économiser sur les frais de transport fait beaucoup de bien au budget ! Deuxièmement, pour des raisons pratiques : les trajets que j’effectue n’existent pas toujours en bus ou en train, et le covoiturage n’est pas très rependu dans ce pays. Troisièmement, je souhaite prendre mon temps et, relever ce défi permet de faire des rencontres inattendues, comme le montre mon exemple en Arizona ! Enfin, je souhaite prouver aux étasuniens que cela ne sert à rien d’être effrayé, que le risque est plus important pour moi que pour eux, et que vous pouvez aussi être serviable plutôt qu’égoïste, et aider un jeune comme moi dans le besoin.
Mais cela n’est pas toujours facile et peut parfois me rendre fou ! Spécialement quand les gens me regardent bizarrement, et lorsque je suis contraint à attendre en plein soleil.
En tout cas, j’y crois et je compte y arriver ! Pour finir, voici quelques illustrations de mes spots d’autostop et de mes panneaux.
ravis d’avoir tes nouvelles,félicitations pour tes capacités d’adaptation et tes récits très enrichissants que tu nous fais partager;
bonne route et tout notre soutien à ton initiative;
affectueusement
Agnès et Maurice