Lors de notre séjour à La Paz, nous avons rencontré la Fondation Alternativas. C’est une organisation non lucrative qui travaille depuis 3ans maintenant en partenariat avec les pouvoirs publics et privés pour permettre aux habitants des villes de Bolivie de connaître une sécurité alimentaire.
Vue sur La Paz depuis le potager urbain.
La sécurité alimentaire
Alors vous me direz, qu’est-ce c’est la sécurité alimentaire? On peut l’expliquer en trois points : la disponibilité – les produits sont présents et disponibles près du lieu de résidence dans des lieux de vente ; l’accès – les personnes ont la capacité physique et économique d’accéder aux aliments ; un usage approprié – les personnes ont les connaissances suffisantes et les habitudes alimentaires adéquates pour s’alimenter de façon saine et garantir leur bonne santé.
Il faut savoir qu’en Bolivie, presque 50% de la population est regroupée dans 4 villes: La Paz, El Alto, Santa Cruz et Cochabamba. Au total, c’est 70% de la population bolivienne qui est urbaine. Il faut aussi savoir que dans les villes, plus de la moitié des habitants survivent avec moins de 2 dollars par jour, qui partent à 80% dans les dépenses alimentaires. Vous imaginez donc les effets qu’a la fluctuation des prix sur ces populations.
Ainsi, permettre aux habitants des villes de cultiver chez eux, ou dans leurs quartiers, peut garantir à des millions de famille d’avoir un accès physique et économique à une alimentation saine et nutritive. L’agriculture urbaine apparaît alors comme une solution pour permettre une sécurité alimentaire dans les villes.
Du coup, que fait la Fondation?
Nous avons rencontré Maria Teresa et Annabelle dans les locaux de l’organisation pour découvrir leur travail. Nous pensions à la base qu’il ne s’agissait que de la mise en place et de la gestion d’un potager urbain. Nous avons découvert que c’était beaucoup plus que ça.
Tout d’abord la Fondation travaille avec les Municipalités pour mettre en place des programmes ou des lois qui ont pour but de « construire les mécanismes qui permettent aux habitants des villes de satisfaire leurs droits à l’alimentation ». Le travail se fait aussi avec les habitants pour leur permettre eux-mêmes de construire des politiques communautaires et de mener des actions qui leur permettent un accès à des produits frais et nutritifs au sein de leur communauté.
Elle travaille aussi pour l’expansion de l’agriculture urbaine en donnant les ressources techniques à tout entrepreneur qui souhaite développer une ferme urbaine ou qui mène un projet en lien avec la chaîne alimentaire.
Enfin, la Fondation travaille dans le Développement Communautaire, en développant des ateliers, des séminaires ou encore des espaces démonstratifs, en organisant des formations auprès des communautés. De nombreuses campagnes éducatives sont organisées pour sensibiliser à la sécurité alimentaire, à la nutrition ou à l’agriculture urbaine.
Le potager urbain Lak’a Uta
Le potager urbain et biologique LAK’A UTA
Avec Félix, nous nous sommes surtout intéressé à ce fameux potager urbain. Nous nous y sommes rendus deux fois, pour connaître le lieu, aider un peu et rencontrer les familles qui y cultivent. Le potager est situé sur les hauteurs de la ville, à seulement 3600m d’altitude, on a une vue incroyable. Il est situé dans un ancien parc, qui était à l’abandon. Avant l’installation du potager, le coin était même dangereux, pas mal de monde venait boire ici. Cela va faire deux ans qu’il existe, et la zone est maintenant plus tranquille.
Aujourd’hui, 40 familles sont présentes sur le potager, elles ont chacune 16m² pour cultiver les légumes et plantes de leur choix. On pourrait penser qu’à 3600m d’altitude, faire pousser des légumes n’est pas aisé. Détrompez-vous, on fait pousser ici tomates, carottes, maïs, salades, toutes sortes de choux, betteraves, poivrons, piments, bettes, oignons, ciboulette… Deux ingénieures agronomes travaillent sur le potager pour aider les familles, les conseiller, leur montrer de nouvelles idées de cultures… Le potager est organisé en deux plateformes, sur la première plateforme 60% des familles affirment qu’elles ont toujours suffisamment pour manger grâce au potager même si ce n’est pas forcément les légumes de leur choix. Sur la deuxième plateforme, 50% ont suffisamment à manger grâce au potager. Dans tous les cas, le potager permet aux familles de ne plus dépendre complètement du marché et de ses prix fluctuants.
En plus donc de permettre une sécurité alimentaire à ces 40 familles, le potager Lak’a Uta apporte aux familles beaucoup plus : le sentiment d’appartenir à une communauté, de nouvelles amitiés, un espace de détente pour quitter le rythme fou de la ville…
très intéressant et utile pour les habitants très démunis dans cette ville immense et au climat très aride du fait de l’altitude et la nature des sols à proximité;
merci pour votre contribution
Vous nous donnez envie de connaître un peu plus sur les conditions de fonctionnement de ces potagers. Comment font-lls avec de l’eau, y a-t-il des contraintes sanitaires particulières, sont plutôt les femmes qui s’occupent de ces potagers, quel part des besoins de la famille est couverte par cette production, comment s’organise l’attribution des parcelles, y-a-t-il une organisation sociale autour de ces jardins (évènements festifs, entre-aide, partage de semences et de production, …) … J’avais visité un vignoble en Colombie arrivant à faire du vin à plus de 2000 m mai qui rencontrait des problèmes liés au raccourcissement des saisons et à l’altitude (action des UV sur le système photosynthétique) : y a –t-il une certaine adaptation des plantes horticoles à ces contraintes ?
En resumen, vuestra nota es tan interesante que incita a muchas preguntas, ¡rápido … la continuación!