Après avoir découvert Montevideo et Buenos Aires, c’est dans la région de Cordoba que je réalise un nouveau wwoofing, chez Sergio Nuñez. J’ai décidé d’aller me perdre 2 semaines dans la campagne Argentine, au village de San Pedro.
La région de Cordoba est marquée par un climat méditerranéen, c’est à dire sec. Il ne pleut que durant les deux mois d’été : janvier et février. Mais la région possède une des plus grandes retenue d’eau d’Amérique du Sud et permet donc une irrigation suffisante les autres mois de l’année via un réseau de canaux administrés par la région.
Les gens ici vivent beaucoup du tourisme. En ce qui concerne l’agriculture on trouve beaucoup de systèmes diversifiés : horticulture + culture de pommes de terre (le sol étant sableux) + élevage de chèvres ou de vaches à viande. Un programme du gouvernement tente de réintroduire l’élevage de brebis qui a presque complètement disparu de la région.
La retenue d’eau qui alimente la région.
Sergio s’est installé au Mangrullo il y a maintenant 15ans. Fatigué de la grande ville, il habitait à Buenos Aires, il échange sa maison contre un terrain abandonné. Tout est à refaire. Son point de départ : un champ d' »alfalfa » de 6ha dont il vend les bottes aux agriculteurs du coin. Il commence un élevage de chèvre, puis de cochons et enfin de vaches à lait. C’est l’élevage de vaches qui lui convient le mieux, et en fait alors son activité principale. Le troupeau s’agrandit, et la vente de lait évolue petit à petit en vente de fromages.
Aujourd’hui Sergio possède 31vaches et 14 veaux. Il élève également des brebis pour la viande qui lui apporte un complément de revenu, des poules, des dindons et des oies, et a 3 chevaux, 8 chiens et 4 chats. Une vraie basse-cour.
Une partie du troupeau de brebis.
Son système est extensif. Il ne possède par exemple aucun bâtiment d’élevage, les animaux vivent dehors, qu’il pleuve, vente ou neige. Enfin la neige, c’est très rare quand même. Les brebis par exemple, vivent leur vie tranquille à travers les différents champs de la propriété (24ha au total). Les vaches ont un rythme plus spécifique, puisqu’elles sont traites. La nuit, elles sortent de leur enclos pour aller vagabonder et manger où bon leur semblent. Puis, elles reviennent seules dans l’après-midi. En fait, leur enclos est le seul point d’eau disponible, et quand les vaches ont soif elles sont bien obligées de revenir. Elle reste alors là la fin d’après-midi, à l’ombre des arbres jusqu’à l’heure de la traite. Les veaux sont dans un autre enclos, on les sépare de leurs mères car sinon il n’y aurait plus de lait au moment de la traite. Seulement après la traite on les met avec leurs mères, pour qu’ils puissent prendre un peu de lait.
Ici les vaches et les brebis broutent les prairies, les poules et les dindons picorent aussi la nourriture présente dans le sol. Le seul aliment acheté est le maïs, distribué aux vaches à l’heure de la traite, un peu aux veaux de temps en temps et aux poules pour les faire rentrer au poulailler.
La vente des fromages, des veaux ou des agneaux est locale. Tous les samedis est organisé une « Feria » à Villa de las Rosas, un village pas très loin. C’est là que Sergio vend ses fromages. La Feria existe maintenant depuis 6ans et est devenue importante. Toute la place principale est remplie de stands : artisanat, huile d’olive, vin, fromages de chèvres, stands pour manger… Sergio est l’un des seuls de la région à élever des vaches pour leur lait, en effet le climat ne permet pas un rendement très élevé de lait et la plupart préfèrent donc élever des vaches pour la viande. Sergio vend aussi les veaux l’hiver, quand il n’y a plus de lait. Il les vend aux bouchers de la région. Les agneaux sont vendus dans un cadre plus privé : aux amis, aux voisins…
L’élevage de vaches à lait n’est pas très répandu dans la région car avec le climat, la production de lait est faible. Mais Sergio a décidé d’en faire son activité principale puisqu’il ne connait presque aucune concurrence dans ce domaine. Il a su trouver sa place entre les différentes production de la région, et vit très correctement de son métier.
Vue sur le jardin
La traite à la main.
Les vaches qui profitent de la lagune.
Semis d’avoine à cheval.
Chez Sergio, comme chez Fede en Uruguay on peut observer une biodiversité impressionnante : beaucoup d’oiseaux différents, des renards, des crapauds, pleins d’insectes… On trouve par exemple des gros rongeurs (j’ai oublié le nom, milles excuses) qui creusent des terriers dans le sol, et des chouettes qui vivent également dans ces terriers. Dans la lagune, des poissons autochtone ont été introduit. C’est un véritable écosystème qui est préservé au Mangrullo.